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Libération

Coups de fourchette contre les grands singes

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par Pauline SIMONET
publié le 10 septembre 2005 à 3h38

Libreville de notre correspondante

Une dizaine de têtes de singe, baignées dans un bouillon relevé, cuisent à petit feu. Chez Maman Marie Gibier, des plats de viande de brousse, dont les Gabonais raffolent, sont au menu tous les jours. Les clients ont le choix : antilope, crocodile, sanglier, serpent, porc-épic et primates. «Quand j'étais enfant, on mangeait de la viande de singe, raconte Sandra, une habituée de cette gargote de Libreville. J'en ai gardé l'habitude.» Son voisin acquiesce : «J'aime la viande de brousse, et le singe en particulier. La chair est un peu dure, mais j'apprécie son goût très fort. Petits singes, gorilles, chimpanzés...je mange ce qu'il y a dans mon assiette !»

Protection. La consommation de primates au Gabon remonterait à l'époque où ceux-ci étaient trop nombreux à proximité des maisons. Les petits primates fourmillent toujours dans les forêts tropicales qui recouvrent 80 % du pays, mais les grands singes africains ­ gorilles et chimpanzés ­ sont en voie de disparition et protégés. Leur sauvegarde était cette semaine au coeur d'une conférence internationale qui s'est achevée vendredi à Kinshasa, en république démocratique du Congo.

«Près de 80 % de la population mondiale de gorilles et chimpanzés vit au Gabon et au Congo», explique Olly Thomas, responsable à Libreville du projet Gibier, financé par l'université écossaise de Stearling. «La demande de viande de singe est très forte et les chasseurs tuent n'importe quel primate, protégé ou non», déplore-