Koupino (Sibérie) envoyée spéciale
«Mais que voulez-vous voir chez nous? Nous n'avons pas de problème de grippe aviaire. Nous venons de lever la quarantaine. Tout est réglé !» Au téléphone, Boris Serdioukov, responsable des questions agricoles de Koupino (sud de la Russie), n'est pas vraiment engageant. Depuis juillet, son district est pourtant l'un des épicentres de l'épizootie de grippe aviaire en Russie : des milliers de volatiles en sont morts, plus de 30 000 ont dû être abattus... mais ce fonctionnaire assure que «tout est réglé» et il raccroche.
A travers l'immense plaine sibérienne perlée de lacs où viennent s'abreuver canards et oies sauvages, il faut donc se mettre soi-même en quête : les villageois, qui ont tous ou presque une basse-cour personnelle, ne savent souvent rien de la maladie et sont bien en peine d'indiquer où elle s'est déclarée. Jusqu'à ce qu'un passant, au hasard, signale un élevage d'oies et de canards, à la sortie même du bourg de Koupino.
Une grille rouillée barre la route d'accès. Mais au loin, on distingue un troupeau d'oies blanches qui piaillent comme des folles, des nuées de corbeaux et une épaisse fumée noire qui s'élève d'un bâtiment. «Il n'y a pas de grippe aviaire chez nous, assure Sergueï Founikov, le directeur de l'exploitation. Mais vous n'entrerez pas chez moi sans l'accord des autorités sanitaires.» Et la fumée ? «Euh... nous faisons des réparations... du bitume», répond le chef de cette exploitation privée. Juste avant, son vétérinaire