Kwara (Nigeria) envoyée spéciale
Hunter Cotzee descend de son tracteur et essuie son visage en sueur, buriné par le soleil. Il y a quelques mois, ces centaines d'hectares étaient en friche, recouverts d'arbres et de broussailles. Aujourd'hui, des sillons réguliers s'étendent à perte de vue. Le maïs et le soja viennent d'être plantés et ce paysage africain a soudain des allures de Normandie.
Comme douze compatriotes qui travaillent dans l'Etat de Kwara, dans l'ouest du Nigeria, Hunter Cotzee a quitté le Zimbabwe suite à la politique de réforme agraire du président Robert Mugabe. En 2002, ses biens ont été confisqués, comme ceux de nombreux autres fermiers blancs. Il est parti en Afrique du Sud, où il a loué un lopin de terre. Lorsque, en 2003, son ami Piet Du Toit lui a parlé de la proposition du Nigeria, il lui a ri au nez. «Je lui ai dit : "Jamais de la vie, d'abord le Nigeria, c'est où ?"» Quelques mois plus tard, il débarquait à Kwara «pour voir». Désormais, le quinquagénaire espère y poser définitivement ses valises.
Terres fertiles. Le projet a été porté à bout de bras par le gouverneur de Kwara, Bukola Saraki. Ce jeune politicien considère que le seul moyen de sortir son pays de l'ornière est de développer l'agriculture commerciale. Car le Nigeria a beau être le premier producteur africain de pétrole, il se débat dans la misère. «Nous avons essayé de travailler avec les fermiers locaux, mais ils étaient trop vieux et n'avaient pas le savoir-faire nécessaire, explique Buko