Les sols de la planète contiennent environ 300 fois la quantité de gaz carbonique émise chaque année par l'usage de combustibles fossiles. Pourtant, lorsque les climatologues tentent d'anticiper ce que sera le climat futur, bousculé par les émissions de gaz à effet de serre, ils font «comme si» ce carbone allait sagement y rester. Et non s'échapper vers l'atmosphère pour aggraver le problème. Cette hypothèse optimiste est aujourd'hui battue en brèche. De nouveaux indices soutiennent en effet l'idée inverse : plus il fera chaud, plus le carbone du sol va s'en aller folâtrer dans l'atmosphère, renforçant l'effet de serre, et poussant un peu plus le thermomètre.
Terre échantillonnée. Le premier vient de Grande-Bretagne (1). Une équipe du National Soil Resources Institute s'est plongée dans l'analyse d'une banque de données sans équivalent dans le monde. Cet institut avait décidé, en 1978, de réaliser un inventaire systématique de la composition chimique des sols anglais et gallois. Avec une méthode pour le moins rigoureuse : une grille de 5 kilomètres de maille, plaquée sur toute la région, et près de 6 000 sites, à l'intersection des lignes, où la terre a été régulièrement échantillonnée sur les quinze premiers centimètres jusqu'en 2003. Toutes les sortes de sol prairies, forêts, champs, broussailles, artificialisés ont ainsi été inventoriées.
A leur grande surprise, les scientifiques ont découvert que le sol britannique perd son carbone. Et surtout que cette perte suit une