Dans la douleur ou le pragmatisme, la prise de conscience du lien entre santé et environnement est en train de s'opérer. Dans le cadre de leur campagne «Detox», les écologistes du WWF ont dévoilé hier les analyses de sang de treize familles européennes sur trois générations : sur 107 produits chimiques recherchés, 73 ont été décelés. Comme prévu, les concentrations sont plus fortes chez les enfants, les mères transmettant durant la grossesse un stock de produits chimiques. Une réalité qui pèsera peut-être dans la balance le 14 novembre, lorsque le Parlement européen décidera du sort de la nouvelle législation européenne sur les substances chimiques baptisée Reach (1). Ce projet fait très peur au secteur de la chimie. Pour preuve, l'Union des industries chimiques (UIC) organisait hier à Paris une rencontre opportunément intitulé «Chimie et santé, le nouveau débat émotionnel».
L'émotion justement était très présente le week-end dernier à Condé-sur-Noireau (Calvados) lors de l'inauguration d'un monument à la mémoire des victimes de l'amiante. Même si la preuve d'un lien de causalité entre un produit toxique et une maladie peut rarement être établie aussi clairement que dans le cas de l'amiante et du mésothéliome (cancer de la plèvre), la santé publique inclut bien désormais les facteurs environnementaux au sens large. Deux livres publiés ces jours-ci, qui alertent sur les pollutions discrètes mais fatales (lire ci-dessous), en attestent.
A Rouen, ce sont des médecins libéraux, co