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Libération

Le champignon anticoca dégoûte Bogota

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publié le 12 octobre 2005 à 4h04

Bogota (Colombie)

de notre correspondant

Une poignée de congressistes américains a déterré une idée qui ressemble à un film d'horreur pour biologistes : le développement d'un champignon «mange-coca», un micro-organisme qui détruirait la plante servant de base à la cocaïne. Leur texte de loi, qui doit encore être discuté et passer par le Sénat à Washington, vise à promouvoir l'utilisation de «microherbicides» dans un «pays grand producteur de drogue».

Aspersions. En Colombie, premier exportateur mondial de cocaïne, le projet a provoqué une levée de boucliers. «Non à la guerre biologique des Etats-Unis», s'est insurgé le sénateur de gauche, Jorge Enrique Robledo, premier à dénoncer l'affaire. Le gouvernement américain, qui finance la politique d'éradication forcée des cultures de drogue dans le pays andin, d'où partent 80 % de la poudre blanche consommée aux Etats-Unis, n'en est pas à son coup d'essai. Il avait déjà tenté, en 2000 puis en 2003, d'imposer un type de Fusarium oxysporum, un champignon dont chaque variété s'attaque à une plante spécifique. A chaque fois, il s'est vu opposer un veto de Bogota, inquiet des risques pour l'environnement.

L'idée peut pourtant séduire. Depuis près de dix ans, la Colombie est le seul pays au monde à lutter contre les cultures illicites par des aspersions aériennes d'insecticide (le glyphosate), aux conséquences écologiques, sanitaires et sociales d'une ampleur toujours mal calculée. Le Fusarium, présenté par ses défenseurs comme un «contrôle