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Libération

Lula s'enlise dans ses canaux

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Polémique croissante autour du projet de dérivation du fleuve São Francisco.
publié le 25 octobre 2005 à 4h13

São Paulo de notre correspondante

Le sacrifice de Luiz Flávio Cappio n'aura pas été inutile. L'évêque brésilien a mené une grève de la faim de 11 jours afin d'amener le président Lula à renoncer au projet de dérivation des eaux du fleuve São Francisco. La polémique est désormais relancée sur cet ouvrage monumental.

Le prélat a suspendu son jeûne le 6 octobre, contre la réouverture du débat sur le projet dont le coût prévu est de 1,7 milliard d'euros. Il consiste à détourner, via la construction de deux canaux, entre 1,4 et 6 % des eaux de ce fleuve de 2 700 km, pour irriguer le sertão (l'arrière-pays semi-aride) de quatre des neuf Etats du Nordeste, l'une des régions les plus pauvres du pays, cycliquement frappée par la sécheresse.

Marchés publics. Pour le gouvernement, ce projet «humanitaire» vise à assurer l'eau potable à 12 millions d'habitants, les délivrant ainsi du joug des élus du Nordeste, qui monnaient les camions-citernes en échange de leur bon vote. Selon Brasília, grâce à la dérivation, l'eau ne manquerait plus et pourrait être consommée toute l'année. Actuellement, celle-ci doit être économisée, en vue de son utilisation pendant la seule saison sèche.

Or, pour ses détracteurs (le mouvement social, les écologistes et certains experts), les principaux bénéficiaires de cet apport d'eau supplémentaire ne seront pas les pauvres, comme le prétend le gouvernement, mais les groupes d'entrepreneurs qui convoitent ce marché public et la grande agriculture irriguée et exportat