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Libération

Baillif, une verrue sur les côtes de Guadeloupe

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publié le 5 novembre 2005 à 4h26

Baillif envoyée spéciale

De Basse-Terre à Bouillante, la route nationale longe la côte. A l'est, le regard se perd dans les verts exubérants de la forêt tropicale, à l'ouest il plonge dans une eau cristalline, moirée de turquoise. C'est bien Karukera, «l'île aux belles eaux», comme l'appelaient les Indiens Caraïbes, avant que Christophe Colomb ne la rebaptise Guadeloupe (1). Mais à la sortie du bourg de Baillif, le rêve se déchire. Entre route et mer surgit une verrue géante, un monticule grisâtre parsemé de sacs plastique bleus. Une décharge à ciel ouvert. A l'intérieur, le va-et-vient est incessant : camions d'ordures ménagères, voitures bourrées de vieux meubles, pick-up mêlant bidons et branchages... Dans une chaleur écrasante, les pique-boeufs ­ oiseaux blanchâtres et ventrus ­ s'affairent. Une odeur de merde prend à la gorge. «Vous voyez la décharge sous un bon jour», assure pourtant Rudy Brissac, employé de Nicollin Antilles, la société fermière de la décharge. Dix-huit ans qu'il travaille ici, il en sait quelque chose. «Il y a des jours où on ne peut ouvrir la bouche à cause des mouches !»

Saturation. En 1996 déjà, un rapport de la DDE de Guadeloupe (2) décrivait la décharge comme un «énorme monticule d'ordures, presque toujours en feu, incommodant les habitants et menaçant sérieusement le littoral sud de la Basse Terre». Dix ans plus tard, la situation n'a fait qu'empirer, la décharge arrive à saturation. «Elle génère des nuisances inacceptables : pollution de l'air p