Bernard Vallat, directeur général de l'OIE (Office international des épizooties), l'organisation mondiale de la santé animale, rentre de la conférence mondiale de Genève sur la grippe aviaire. Très critique sur la gestion de la crise par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), il est aujourd'hui satisfait d'avoir été entendu sur les priorités à donner.
Lee Jong-wook, le directeur général de l'OMS a ouvert la conférence en disant qu'un virus de la grippe aviaire finirait par se transformer en souche hautement pathogène pour l'homme, que ce n'était qu'une question de temps. Vous êtes, vous, beaucoup plus réservé.
Oui, car personne au monde n'est capable de prédire l'apparition de la pandémie. Depuis l'arrivée de la souche asiatique fin 2003, les experts de l'OMS affirment qu'il y aura une pandémie parce qu'il y en a eu plusieurs au siècle dernier. Si on leur demande quand, ils répondent peut-être demain, ou plus tard... Mais ils ne disent pas toujours que ça peut être à la fin de ce siècle. La théorie de l'arrivée cyclique de pandémies n'a aucune base scientifique. C'est interprété comme quelque chose d'imminent : il y a donc un biais de communication qui n'est pas très scientifique. Notre réseau, constitué de virologues spécialistes de l'animal, est enclin à plus de prudence. Des virus à potentiel mutagène de l'influenza aviaire existent dans la nature depuis des siècles : des textes de l'Antiquité décrivent des maladies de volailles qui sont très probablement la grippe du p