Il y a dix jours, six chercheurs français ont exprimé publiquement, dans une tribune adressée à l'AFP et à des quotidiens européens, leur soutien à Reach et leur souhait que la totalité de ses dispositions soit respectée. Une forme d'engagement rare dans le milieu de la recherche fondamentale. Regroupés au sein du réseau européen de recherche Cascade, Patrick Balaguer (Inserm), Jean-Pierre Cravedi, Frédéric Flamant et Patrick Prunet (Inra), Barbara Demeneix (Muséum national d'histoire naturelle) et Vincent Laudet (Ecole normale supérieure de Lyon) étudient l'action des perturbateurs endocriniens, ces polluants chimiques qui interfèrent avec les systèmes hormonaux. Entretien avec Barbara Demeneix, endocrinologue et physiologiste, hier, après le vote au Parlement.
Quel est votre sentiment après l'adoption de Reach ?
Je suis contente que l'industrie chimique n'ait pas réussi à empêcher l'adoption de cet excellent projet qu'est Reach. En revanche, je suis déçue que la plus grande partie des substances chimiques, celles produites à moins de 100 tonnes (soit environ 30 000), ne soit pas soumise à une évaluation complète avant onze ans ! Or elles pourront avoir des effets sanitaires néfastes. La Commission européenne a évalué à 50 milliards d'euros sur trente ans le gain de l'application de Reach pour la santé des Européens.
Pourquoi soutenir Reach ?
La production mondiale, tous produits chimiques confondus, est passée de 1 million de tonnes, en 1930, à 400 millions aujourd'hui. Pour p