Bangkok, de notre correspondant.
L'une des zones les plus riches du globe en termes de biodiversité est en train de disparaître dans l'indifférence. C'est le cri d'alarme lancé par l'ONG Global Witness, qui, après quatre ans d'enquête clandestine, dénonce dans un rapport publié en octobre l'exploitation aussi massive qu'illégale par des firmes chinoises des forêts du nord-est de la Birmanie. Dans ces confins birmans où l'Asie du Sud rencontre l'Asie de l'Est, on peut encore trouver tigres et pandas rouges ainsi qu'une immense variété de plantes indigènes spécifiques à cette région, sans parler des nombreux bois précieux, comme le teck et l'if d'Himalaya. Ce sont ces derniers qui sont livrés à l'exploitation de 20 000 bûcherons chinois passés de l'autre côté de la frontière, dans cette zone habitée par la minorité ethnique des Kachins. «A ce rythme, les forêts disparaissent au moment même où nous parlons. Toutes les sept minutes, un camion chargé de troncs traverse la frontière entre le nord de la Birmanie et la Chine. L'exploitation forestière est chaotique. Il n'y a aucun contrôle», s'indigne Susanne Kempel, l'une des auteurs du rapport.
Ruée. Cette zone constitue le haut du bassin versant de l'Irrawaddy, le plus grand fleuve birman. Ici comme ailleurs, la déforestation accélérée a exacerbé sécheresses et inondations. «Les villageois kachins se rappellent qu'avant leurs maisons étaient environnées de forêts. Ces mêmes zones sont aujourd'hui désolées», dit-elle. Un faisceau de