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Libération

En Chine, le benzène tue par pendaison

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publié le 8 décembre 2005 à 4h51

Pékin de notre correspondant

Les retombées de la pollution de la rivière Songhua, dans le nord de la Chine, ont pris un tour tragique hier, avec le suicide du maire adjoint de la ville de Jilin, accusé d'avoir tenté de camoufler la catastrophe. Wang Wei se serait pendu au moment où Pékin annonçait qu'une enquête était en cours et que des sanctions seraient prises contre les officiels fautifs.

La catastrophe avait débuté à Jilin avec une explosion accidentelle dans un complexe pétrochimique qui a déversé 100000 tonnes de benzène ­ produit hautement toxique ­ dans la rivière Songhua. Les responsables de l'entreprise d'Etat, couverts par ceux de la municipalité, s'étaient bien gardés de révéler cette pollution, alors même que la rivière alimente en eau potable des millions de personnes en aval, notamment à Harbin, capitale provinciale, avant de se déverser en Russie. Wang Wei, le maire adjoint de Jilin, avait minimisé les conséquences de l'événement. Une catastrophe plus grave a été évitée de justesse: l'eau a été coupée une semaine à Harbin et l'opinion informée avec retard.

Sras. Comme dans l'affaire du mensonge qui avait entouré l'épidémie de Sras, en 2003 à Pékin, les retombées politiques sont considérables. En fin de semaine dernière, Pékin a exigé la démission du directeur de l'agence chargée de l'environnement, la Sepa, pour n'avoir pas été à la hauteur. Comme pour le Sras, qui avait coûté la tête du ministre de la Santé, le directeur de la Sepa fait figure de bouc émissair