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Libération

Les Kogis, pris entre armée et guérillas

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publié le 10 décembre 2005 à 4h56

Sierra Nevada de Santa Marta (Colombie) envoyé spécial

Marco est venu de l'autre bout de la Sierra Nevada de Santa Marta pour assister à la cérémonie. Malgré les heures de route pour contourner le massif, dans le nord de la Colombie, l'Indien voulait découvrir les 5 000 messages de soutien envoyés depuis la France à son peuple, les Kogis. «Nous souffrons beaucoup de la guerre, explique-t-il dans un espagnol hésitant. Nous avons besoin d'aide.»

Ce jour d'été, ils étaient comme lui une trentaine à s'être réunis sur une terrasse artificielle, lieu sacré aménagé sur les pentes de la face nord de la sierra, pour recevoir les lettres rassemblées par l'association Tchendukua. Depuis 1997, cette organisation dirigée par le Français Eric Julien réunit des fonds pour acheter des terres aux Kogis et attirer l'attention sur ces Indiens menacés par la guerre colombienne. «Pour arrêter le massacre», «Pour que vous puissiez vivre en paix», demandent quelques-uns des messages. Marco et les siens les accrochent au-dessus de la terrasse avant qu'un mamo ­ l'autorité traditionnelle kogie ­ entame un chant rituel.

Cérémonie. A l'ombre des citronniers et des goyaviers, sur les contreforts du massif qui, à deux heures de là, plonge sur les plages des Caraïbes, tous apposent leur empreinte digitale sur une lettre de dénonciation. Les Indiens, explique le document, souffrent de la dispute entre guérillas d'extrême gauche, milices paramilitaires ultraconservatrices et armée régulière. Un village a brûl