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Libération

Le Japon dévore toujours ses dauphins

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publié le 20 décembre 2005 à 5h03

Tokyo de notre correspondant

Ce jour-là, la mer est calme au large du port de Futo, village côtier de la péninsule d'Izu, à 150 km au sud-ouest de Tokyo. Des bateaux de pêche, partis à l'aube, sont de retour. Ils rabattent à l'aide de larges filets une centaine de dauphins. Les cétacés sont poussés vers la côte, bientôt prisonniers dans un bassin du port peu profond. La tuerie débute. Auparavant, les pêcheurs ont isolé six spécimens, des mères et leur progéniture, qui seront vendus (très cher) à deux delphinariums. Dans le bassin, des dauphins blessés sont devenus fous. Des pêcheurs les piquent à mort à hauteur du melon (crâne). Des cétacés, paniqués, se noient. La nuit tombe. La tuerie reprendra plus tard. Blessés, les dauphins sont ainsi laissés dans les filets.

Le lendemain matin, l'abattage reprend. Vivants ou morts, les cétacés sont treuillés hors de l'eau. Attachés par la queue au câble d'une grue, ils sont convoyés par les airs, comme des conteneurs, et emmenés à l'arrière d'une camionnette vers des hangars spécialisés dans la découpe. Dans l'un des entrepôts, un dépeceur cogne un dauphin qui se débat. Il brandit sa pelle-épieu et l'égorge d'un coup. Il lui cisaille la carotide, lui tranche l'abdomen. Mais, stupeur, il ne l'achève pas. Sur le côté, des cétacés dépecés ont été entassés, tête et queue tranchées, flanc ouvert, appareil digestif à l'air, coeur percé... Le soir venu, la viande de 69 dauphins a été congelée. Prête au transport vers les retraitants et les rest