Elles ne sont pas si loin les années 20 où l'aventurier Henry de Monfreid envoyait tranquillement des peaux de léopard à son père depuis l'Abyssinie. Aujourd'hui, la peau de léopard est clouée au mur de la cellule de ciblage du fret des douanes de Roissy. Accompagnée de défenses en ivoire, de pattes et d'oreilles d'éléphants, de crânes de chimpanzés, d'hippocampes desséchés, de portefeuilles en peau de serpent. Ces trophées accumulés par les 24 douaniers du service donnent une idée de la variété d'un trafic estimé à près de 5 milliards d'euros par an, qui n'a rien à envier à celui de la drogue ou des armes.
Un an après la treizième conférence de la Cites (1), convention qui régit le commerce international des espèces menacées, les prises restent bonnes. Il y a deux jours à Roissy, les policiers ont saisi un bonobo endormi recroquevillé dans le sac à main d'un voyageur russe. En provenance de Kinshasa, destination Moscou, escale à Paris. Complètement déshydraté, le bébé bonobo a d'abord été transporté à la station animalière de Roissy avant d'être expédié au parc de Thoiry (Yvelines) pour y être soigné. Cette espèce très protégée dont le commerce est interdit ne vit que dans le nord de la république démocratique du Congo. Pour les douaniers, cette situation était claire. Mais la plupart du temps, les trafiquants présentent des documents qu'il faut étudier à la loupe. Car une grande partie du commerce reste légale. La Cites le réglemente et autorise par exemple des défenses d'é