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Libération

Les ordinateurs, poison de Lagos

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publié le 28 décembre 2005 à 5h09

Lagos, de notre correspondante.

Assis sur le sol poussiéreux, des jeunes s'affairent sur des machines désossées, essayant de leur rendre vie. Le marché aux ordinateurs d'Ikeja est un vaste dédale d'échoppes. Dans cette «Silicon Valley» nigériane, on vend un petit peu de neuf et beaucoup d'occasion. John Oboro, responsable de l'association des vendeurs d'ordinateurs du Nigeria, est catégorique : «La majorité de ces vieux computers ne pourront pas être réparés.» «On ne peut jamais prédire au premier coup d'oeil» rétorque un homme qui trifouille dans une myriade de composants électroniques. Sur les devantures, le matériel recyclé est toiletté et emballé dans du plastique transparent. Derrière les boutiques, des piles de carcasses de disques durs, des tas de vieux écrans témoignent de l'important volume de matériel irrécupérable. «Tout ça va aller pourrir ici», explique John Oboro en montrant un bac débordant d'immondices. «Après, l'ensemble sera brûlé.» Le Nigeria ne dispose pas de système de retraitement des ordures. A Lagos, mégapole de 16 millions d'habitants, le brûlage anarchique a déjà des conséquences sur la santé. Selon un avocat habitant la zone industrielle et portuaire, la combustion de produits chimiques d'une usine des environs provoque parfois des saignements de nez. Le mois dernier, une fumée dense, s'apparentant à un gaz lacrymogène, a envahi plusieurs quartiers. Les autorités ont promis une analyse de «la fumée mystérieuse» qui a occupé les gros titres des journ