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Grands fonds en voie de désertification

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publié le 9 janvier 2006 à 20h01

Il aura fallu moins de vingt ans. Dix-sept exactement, pour conduire plusieurs espèces de poissons des grands fonds du nord-ouest de l'Atlantique au bord de l'extinction. Une étude canadienne publiée jeudi dans Nature montre que les populations de hoki (Antimora rostrata), de grenadiers de roche (Coryphaenoides rupestris), de berglax (Macrourus berglax), de tapir à grandes écailles (Notocanthus chemnitzi) et de raie à queue épineuse (Bathyraja spinicauda) ont chuté de 87 % à 98 % entre 1978 et 1994. Pire, en agglomérant ces résultats avec ceux d'une autre étude portant sur 1995-2003, la population du grenadier de roche aura chuté de 99,6 % entre 1978 et 2003... L'étude suggère que les cinq espèces répondent désormais aux critères qui permettent à l'Union internationale pour la protection de la nature de placer un animal (ou un végétal) sur sa liste rouge, et donc d'interdire son exploitation. Elles seraient, dans l'Atlantique Ouest, en situation plus critique que le panda.

Hécatombe. La pêche en eau profonde s'est fortement développée depuis les années soixante-dix au fur et à mesure de la réduction des prises en surface... et de l'amélioration des techniques de pêche. Les grenadiers sont généralement pêchés entre 600 et 800 mètres de profondeur, quand d'autres prises sont capturées jusqu'à 2 500 mètres, rappelle Jennifer Devine, de la Memorial University (Terre-Neuve), et coauteure de l'étude. Une profondeur qui explique le peu de données disponibles sur les stocks de poisso