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Libération

Istanbul vide ses basses-cours

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publié le 12 janvier 2006 à 20h02

Istanbul de notre correspondant.

Le panneau a été installé à l'entrée de la rue principale : «Attention, ici, grippe aviaire». Quartier misérable de la grande banlieue d'Istanbul sur la rive européenne du Bosphore, Gaziosmanpasa a été proclamé, avec Kucukcekmece et Esenler, deux municipalités voisines, «zone sous contrôle» après la découverte, en début de semaine, de quelques poulets morts victimes du virus H5N1. Là, tout ce qui porte des plumes doit être exterminé. «J'aurais dû être en congé avec mes parents pour la fête du Sacrifice, mais nous avons tous été réquisitionnés pour collecter et abattre l'ensemble des volailles de cette zone», explique Huseyin Kaya, chef de l'équipe. Vêtus de combinaisons blanches avec masque, lunettes, cagoule et gants, les hommes font du porte-à-porte dans ce bidonville, composé de maisons de fortune en brique rouge, sans eau potable ni chauffage. Où l'électricité est «volée» par des branchements directement sur les lignes. Et les toits couverts de nylon transparent. Engoncés dans leurs tenues, les hommes en blanc ont du mal à courir et ce sont souvent des enfants qui coursent poules, canards et dindons échappés des basses-cours de fortune, les attrapent à mains nues et offrent fièrement leur butin aux adultes. «On a presque tous des volailles à côté de nos baraques et quand il fait trop froid, on les met à l'intérieur. On a besoin de leurs oeufs et de leur viande», explique Harun, 16 ans, chômeur, originaire de Siirt (sud-est).

«Poulets cachés