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Libération
Interview

«Nous sommes la génération sacrifiée de l'amiante»

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publié le 17 janvier 2006 à 20h05

Désormais, il s'appelle «Coque Q 790». Mais pour Etienne Le Guilcher, 66 ans, il reste le Clemenceau. Un bâtiment de 32 000 tonnes qu'il connaît par coeur, sur lequel il a été mécanicien pour la marine de 1961 à 1963 avant de passer sur son «frère jumeau», le Foch durant sept ans. En tout, il a travaillé «quarante ans dans l'amiante» en comptant ses vingt-deux années dans le civil à entretenir des chaudières. Aujourd'hui, il souffre d'asbestose, une maladie de l'amiante qui provoque des difficultés respiratoires. Président de l'association de défense des victimes de l'amiante du Finistère et des Côtes-d'Armor, qui regroupe quelque 1 500 adhérents dont une majorité d'anciens marins ou de retraités de la Direction des constructions navales, Etienne Le Guilcher mène campagne contre la décontamination en Inde du bâtiment. L'ancien marin brestois a recueilli des témoignages d'anciens du Clem qui seront présentés vendredi devant la Cour suprême indienne. Afin de donner un maximum d'informations sur la quantité et la localisation de l'amiante dans l'ex-porte-avions à cette juridiction qui, le 13 février, doit autoriser ou non l'entrée du bateau en Inde. Choqué par le fait que la France n'a pas désamianté complètement le bâtiment, Etienne Le Guilcher raconte :

«L'amiante, il y en avait un peu partout sur le Clemenceau : dans les catapultes, les soutes à carburant, les compartiments à chaufferie, le local à oxygène, le local directionnel... En fait, partout où il y avait de la chaleur