C'est une annonce spectaculaire que vient de faire le directeur général de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) en appelant les industries pharmaceutiques à arrêter la commercialisation et la distribution de l'artémisinine seule dans le traitement du paludisme. «Il est urgent que l'artémisinine soit prescrite correctement, a expliqué hier le docteur Lee Jong-wook. Nous demandons instamment aux compagnies pharmaceutiques d'arrêter immédiatement la production d'artémisinine en monothérapie, et de la produire uniquement en multithérapie.»
Sur le front du paludisme (ou malaria), depuis près de cinquante ans, c'est la même histoire qui se répète. Avec une course-poursuite délicate entre des médicaments, utiles et souvent très efficaces, et les résistances qu'ils induisent quand ils sont mal utilisés.
Nivaquine inefficace.
Les exemples sont légion : en Thaïlande, la prescription d'un combiné sulfadoxine-pyrimethanime (SP) était au départ efficace à près de 100 % mais, introduit en 1977 sans précaution, le traitement ne se révélait plus pertinent qu'à 10 % cinq ans plus tard en raison des résistances qu'il avait induites. De même, la très populaire Nivaquine a perdu toute efficacité dans la plupart des régions du monde. «Entre 1999 et 2004, on a donné de la chloroquine (Nivaquine, ndlr) à 95 % des petits Africains souffrant de paludisme alors même que le médicament ne guérit plus que la moitié des cas de palu dans de nombreux pays. Une résistance à l'atovaquone est apparue dans l