Papeete correspondance
Quarante ans après, l'Etat continue «à dissimuler des preuves accablantes pour lui dans la recherche de la vérité ainsi que la réparation des préjudices lui incombant». C'est la conclusion du rapport, rendu public cette semaine, de la commission d'enquête de l'assemblée de Polynésie-Française sur les conséquences des essais nucléaires atmosphériques réalisés au Centre d'expérimentation du Pacifique, entre 1966 et 1974, sur les atolls du «grand secret», Moruroa et Fangataufa. La France y a procédé à 46 tirs aériens (193 avec les essais souterrains) jusqu'en 1996.
Rédigé par des députés locaux aidés de scientifiques métropolitains, ce document de plus de 300 pages vient battre en brèche une fois encore la thèse des «essais propres» défendue par le ministère de la Défense. Lequel n'a reconnu que cinq retombées «intempestives» sur des îles habitées : les Gambier en 1966 et 1971, Tureia en 1967 et 1971, et Tahiti en 1974.
«Cette présentation est trompeuse, elle laisse croire que le ministère de la Défense fait preuve de bonne volonté en reconnaissant cinq "erreurs minimes" sur toute sa campagne», s'indignent les élus polynésiens. Selon un rapport militaire confidentiel du 17 mars 1967, le premier tir réalisé le 2 juillet 1966, a entraîné des retombées sur toute la Polynésie, archipel aussi vaste que l'Europe. La faute à des moyens météo «largement insuffisants», incapables de prévoir la direction des vents de très haute altitude (un champignon peut s'élever à