Washington, de notre correspondant.
L'homme est-il responsable de l'augmentation du nombre d'ouragans dévastateurs sur les Etats-Unis ? La question déchaîne tant les passions, chez les météorologues américains, qu'elle a perturbé l'organisation d'un très sérieux colloque la semaine dernière à Atlanta (Géorgie). L'affaire a été rapportée par le Wall Street Journal : les organisateurs de l'assemblée annuelle de l'American Meteorological Society avaient prévu une table ronde sur le changement climatique. Ils avaient invité deux éminents «ouraganologues» : William Gray, 76 ans, prof à l'université d'Etat du Colorado, et Greg Holland, du National Center on Atmospheric Research, un de ses anciens élèves. Pour Gray, l'aggravation des ouragans est liée à des cycles pluridécennaux naturels propres au système climatique tropical de l'Atlantique. Greg Holland, lui, a cosigné l'an dernier une étude tendant à prouver le contraire : le réchauffement a déclenché un accroissement de l'intensité des ouragans. L'affiche était belle, et les centaines de scientifiques se pourléchaient d'avance les babines. Las, au dernier moment, les organisateurs ont pris peur et ont annulé la table ronde.
L'affaire n'est qu'un épisode de plus dans une guéguerre qui a commencé avec la hausse des désastres causés par les ouragans formés dans l'Atlantique. «C'est une querelle scientifique classique. Mais elle est devenue bien plus poignante depuis Katrina», note Franck Lepore, du National Hurricane Center, à Miami