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Libération

Chikungunya: les Réunionnais se retroussent les manches

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par Zoé DAVID
publié le 9 février 2006 à 20h17

La Réunion correspondance

Abandonner sur le trottoir sa bouteille de Dodo, la bière emblématique de La Réunion, n'est plus sans danger. A Saint-Denis la semaine dernière, un innocent ­ quelque peu alcoolisé ­ a failli se faire lyncher. «Out' tèt lé pa bon, Pès makott !» («Tu ne vas pas bien, abruti !»). Sur l'île Intense, le moustique rend nerveux. Pas encore inconscient. Le Dionysien est reparti avec son gîte larvaire potentiel.

Cosmonautes. Les temps changent et les mentalités avec. Devant l'ampleur de l'épidémie de chikungunya, les habitants prennent conscience que les militaires et les démoustiqueurs, déguisés pour l'occasion en cosmonautes, ne parviendront pas seuls à éradiquer l'ennemi. Un arrêté préfectoral du 12 novembre 2005 oblige tout propriétaire ou occupant d'un terrain à éliminer eaux stagnantes, encombrants, détritus et broussailles se trouvant sur sa propriété. «À défaut, la commune pourra effectuer des travaux aux frais du propriétaire et lui infliger une lourde amende», précise le document.

Certains restent sceptiques, comme Marie. À 65 ans, elle entretient tant bien que mal son jardin, mais elle croit peu en l'efficacité de son action : «Actuellement, il pleut quasiment tous les jours et la végétation pousse très vite. Je vide mes pots de fleurs, vérifie que ma gouttière n'est pas bouchée. Mais juste à côté de la case, c'est un vrai dépotoir. Impossible de savoir qui est le propriétaire !» Elle a contacté plusieurs fois les autorités sanitaires et la mairie.