A New Delhi, aujourd'hui, la Cour suprême indienne examine le sort du Clemenceau, l'ex-porte-avions français. L'autorisera-t-elle à terminer son périple en Inde, pour y être désamianté et démantelé, puis vendu au prix de l'acier ? Quoi qu'il en soit, le témoignage que Libération publie aujourd'hui, celui d'un responsable d'une grande entreprise de désamiantage française, contredit totalement les arguments de l'Etat français et du consortium SDI (Ship Decommissioning Industries) pour justifier l'envoi du Clem en Inde, un pays où l'amiante n'est toujours pas interdit et où la protection des travailleurs exposés à cette fibre cancérogène n'est pas assurée. L'entreprise en question, qui souhaite garder l'anonymat, est l'une des sociétés qui avaient répondu à l'un des appels d'offres émis en 2002 et 2003 pour le désamiantage de l'ex-porte-avions.
Ce responsable explique comment son entreprise a travaillé pour repérer l'amiante à bord du Clem. «En 1997, nous avions participé, aux côtés de trois autres entreprises, au désamiantage du Foch (le porte-avions jumeau du Clemenceau, ndlr). Nous avions en notre possession l'inventaire amiante du Foch. Nous avions notamment une liste de 2 300 "volumes" qui précisait les 1 500 contenant de l'amiante. Un volume, cela peut être aussi bien un cabinet de toilettes qu'une salle des chaudières ou un local de stationnement des avions. A Toulon, sur le Clemenceau, nous avons réalisé un métré précis de l'amiante friable sur ces 1 500 volumes. Il s'ag