São Paulo de notre correspondante
Priorité des leaders de gauche qui gouvernent l'Amérique du Sud, l'intégration de l'infrastructure régionale ne fait pas bon ménage avec la protection de l'environnement. C'est le cas du gazoduc de 8 000 à 10000 km de long censé acheminer le gaz naturel du Venezuela vers le Brésil et l'Argentine, qui font face à une demande croissante (Libération d'hier).
Pharaonique. Ce «supergazoduc», dont les trois pays étudient la construction, devrait passer par l'Amazonie brésilienne, d'où l'inquiétude des écologistes. Pour eux, l'impact de cet ouvrage pharaonique sur la plus vaste forêt pluviale du monde (dont le Brésil détient la plus grande partie) pourrait être désastreux. Outre le risque de pollution des cours d'eau, la construction et l'entretien du gazoduc supposent en effet l'ouverture de routes, véritable invite aux agriculteurs, éleveurs et autres coupeurs de bois à venir défricher l'Amazonie, dont ils ont déjà détruit plus de 17 % de la partie brésilienne depuis 1970. «Le risque de défrichement est direct et indirect», explique Roberto Smeraldi, directeur de l'antenne brésilienne des Amis de la Terre. «Le défrichement direct affecte généralement une zone de 10 à 50 km de part et d'autre de ce type d'ouvrage, tandis que l'indirect est le fait des occupants expulsés par les nouveaux venus et qui vont détruire la forêt plus loin.»
Pour lui comme pour d'autres spécialistes, construire un tel gazoduc en réduisant le risque social et environnemental