Menu
Libération

Le sud de la Russie pratique la politique de l'autruche

Article réservé aux abonnés
publié le 11 mars 2006 à 20h36

Stavropol envoyée spéciale

A l'entrée de la ferme, un cadavre de canard encore entier, un petit tas d'os et de plumes que, dans le désespoir, personne n'a même songé à ramasser. «Ici, il n'y a pas la grippe aviaire !» nous salue le propriétaire. Un canard passe, raide et tout tremblant, échappé d'une immense étable où l'on entend glousser toute une foule. «Celui-là, il n'en a plus pour longtemps à vivre», avoue le fermier, qui soudain explose : «Depuis octobre, j'ai 10 000 volailles qui sont mortes et qui continuent de mourir tous les jours. Mais les autorités locales ne veulent pas reconnaître qu'il y a la grippe aviaire chez moi. Sans doute pour ne pas avoir à m'indemniser si on ordonne l'abattage. Ils font les aveugles ! Ils cachent la maladie ! Ils préfèrent attendre que toutes mes bêtes meurent d'elles-mêmes ! Informez Moscou de ce qui se passe ici ! Mais ne dites pas mon nom, j'ai peur», implore-t-il.

Hécatombes. Dans cette région de Stavropol, au sud de la Russie, et plus généralement dans tout le sud du pays, 922 403 oiseaux ont péri ou ont dû être abattus depuis le 3 mars, pour cause de H5N1, annonçait vendredi le ministre fédéral pour les Situations d'urgence. Au Daguestan, la télévision a fait état de nombreux chats morts après avoir mangé des volatiles contaminés. Mais, dans l'ensemble, les autorités sanitaires du pays réussissent à maintenir une discrétion extrême sur la progression de l'épizootie. «Dans cette ferme, on a trouvé les gènes du virus H5N1, mais pas l