Professeur à l'université Paris-VII, Ghislain de Marsily est membre de la Commission nationale d'évaluation des recherches sur les déchets radioactifs depuis 1991.
Le rapport de la CNE dit que «les conditions d'une éventuelle décision finale de réalisation d'un stockage ne sont pas encore réunies». Précaution d'experts ?
Le message de la commission est clair. On ne peut pas dire : «Décidons dès maintenant de stocker les déchets nucléaires à Bure.» Les durées et la nature des observations réalisées dans le laboratoire souterrain ne sont pas encore suffisantes pour conclure ainsi. Il faut poursuivre ces travaux au moins dix années. Regarder comment la roche se tasse. Mener des expériences sur la propagation de la chaleur, le scellement des galeries, la vitesse de diffusion des radionucléides dans la couche géologique, le devenir des gaz de corrosion dans le site. Enfin, il faut étudier le périmètre alentour, afin de vérifier si les conditions observées à Bure se maintiennent sur des dimensions compatibles avec un stockage. Tant que les réponses à toutes les questions posées ne sont pas là, la décision de stocker les déchets nucléaires doit rester suspendue.
Pour la CNE, «le stockage est la voie de référence pour une gestion définitive des déchets nucléaires ultimes». Est-ce contradictoire ?
Non. Nous considérons que les solutions que l'on peut imaginer pour les déchets doivent pouvoir se référer à cette solution de base, étudiée par la plupart des pays exploitant des centrales nuc