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Libération

Coupes sombres au Congo-Kinshasa

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publié le 22 mars 2006 à 20h41

Kisangani envoyée spéciale

Ferdinand Kitambi est en colère. Le chef d'Alibuku, village du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), vit, comme ses administrés, des richesses de la forêt équatoriale, y recueille fruits, feuilles... et chenilles, principal apport protéique de la communauté. Mais l'accès à ces ressources est, depuis quelques mois, devenu difficile : une entreprise forestière libanaise a débarqué à Alibuku et détruit son environnement à une vitesse phénoménale. «Ce n'est pas la première qui vient ici, raconte Ferdinand. Mais ceux-là ne respectent rien. Ils nous interdisent même de traverser les chantiers.»

Lors d'un tour en forêt, le chef prend la tête de l'expédition, malgré les menaces physiques dont il sait l'entreprise coutumière. La route de terre rouge, comme une blessure, trace son sillon au milieu des bois. Arbres et arbrisseaux sont abattus, ou pliés en deux par les bulldozers. Des grumes par centaines pourrissent sur le bas-côté.

Afromosia.Depuis 2003, la RDC, grande comme l'Europe occidentale et qui possède la plus importante forêt d'Afrique, s'est dotée d'un code forestier définissant les règles de conduite pour les exploitants. La coupe du fameux bois rouge Afromosia qu'exporte l'entreprise qui sévit à Alibuku est certes autorisée, sauf les troncs en dessous d'un certain diamètre pour permettre le renouvellement de la forêt. Mais ici, tout est coupé et les jeunes arbres abandonnés sur place.

Par ailleurs, le code stipule que l'entreprise do