Ce vendredi, c'était encore une «journée de». Cette fois, une énième tentative de mobiliser sur une pandémie silencieuse. Comme toutes les autres, mais peut-être plus que les autres, assure Lee Jong-wook, le directeur général de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), une épidémie qui «devrait appartenir au passé alors qu'elle progresse toujours dans le monde.» La tuberculose. Des chiffres qui donnent le vertige : 16 millions de malades «officiels», 9 000 nouvelles infections et 5 000 décès par jour. A ce rythme, près d'un milliard de personnes seront infectées dans les vingt ans, 200 millions développeront la maladie et 35 millions en mourront.
L'OMS, fidèle à une stratégie basée sur l'optimisme qui ne fait pas l'unanimité (lire ci-contre) , se félicite des progrès. Annonce le dépistage de 70 % des cas de tuberculose et le traitement avec succès de 85 % d'entre eux à la fin 2005. Suggère que vingt-six pays ont déjà atteint l'objectif avec un an d'avance sur le calendrier fixé. Lance un nouveau plan («Halte à la tuberculose») présenté en grande pompe au Forum de Davos. Objectif : sauver 14 millions de vies d'ici à 2015. Montant : 56 milliards de dollars... Manquent 31 milliards.
Derrière cette course aux chiffres, d'autres encore. Le fléau explose en Chine et en Inde. Et on compte 300 000 cas résistant aux traitements, notamment en Europe de l'Est. Car si 98 % des morts sont dans les pays les plus pauvres, la pandémie est peut-être plus que d'autres une maladie d'exclus.