Marseille de notre correspondant
Lors de tests in vitro, une molécule déjà commercialisée comme médicament contre d'autres affections s'est révélée efficace contre le virus du chikungunya. Une étude clinique sur l'homme va donc être réalisée, en mai, à la Réunion. Mais il ne s'agit pas de créer de faux espoirs : «Cela ne veut pas dire que nous avons un médicament contre le chikungunya, prévient le professeur Xavier de Lamballerie (faculté de la Timone, à Marseille) qui avait tout de même convoqué la presse hier. Certaines molécules ne marchent qu'en labo, et pas sur l'homme.» Les chercheurs refusent d'ailleurs de publier le nom de la molécule. «Ce serait irresponsable, tout le monde va se ruer pour la prendre, craint le professeur. Et la pire chose, c'est l'automédication, qui peut créer des problèmes sérieux.»
Placebo. Environ 250 000 cas de chikungunya ont été recensés à la Réunion, depuis l'apparition de l'épidémie en 2005, certains sévères, puisque l'on compte 174 décès directs ou indirects. Même si le phénomène est en baisse (5 000 cas par semaine, contre des dizaines de milliers au moment du pic), il n'en reste pas moins que «20 à 30 % de la population a rencontré le virus». Le ministère de la Santé a donc mis en place une cellule nationale pour coordonner la recherche. Certains planchent sur un vaccin. Au labo des virus émergents, à la Timone, on cherche un médicament, en développant des antiviraux. «Normalement, cela prend cinq à dix ans», explique le professeur Lambal