Menu
Libération

La saignée du corps médical africain

Article réservé aux abonnés
publié le 8 avril 2006 à 20h52

Manchester = Malawi. Du moins en nombre de médecins. Le rapport (1) publié ce vendredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) met l'accent sur une fuite des cerveaux létale : celle du personnel médical. Ainsi, 56 % des médecins migrants se déplacent des pays pauvres vers les pays riches, alors que 11 % seulement migrent dans la direction opposée. Dans un contexte où l'Europe forme 173 800 médecins par an et l'Afrique 5 100 (ce qui revient à 1 toubib pour 115 000 habitants), voir pire (lire ci-dessous), la dynamique tient de la dynamite.

Bras de fer. Sur ce plan, l'Afrique subsaharienne est «l'épicentre de la crise mondiale», estime le rapport. Alors qu'elle totalise 11 % de la population planétaire, elle ne compte que 3 % du nombre total des professionnels de santé. Un quart des médecins formés en Afrique travaillent en dehors du continent. «Salaires de misère, soutien insuffisant de la part de l'encadrement, défaut de reconnaissance sociale...» dénonce l'OMS. Responsabilité continentale : quand les Amériques consacrent près de la moitié de leur budget à payer médecins et infirmières ­ au prix de bras de fer avec le FMI, comme au Nicaragua (2) ­ l'Afrique n'y alloue que le tiers...

Former. Surtout, le pillage des pays du Nord est parfois institutionnalisé. «Des pays comme l'Australie, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis sont experts en la matière, note Michel Bruguière, de Médecins du monde ; la France est plus hypocrite, puisqu'elle puise dans le Maghreb sans reconnaî