Xiditou (Chine) envoyé spécial
Un «village du cancer» comme il en existe des dizaines à travers toute la Chine. Celui-là s'appelle Xiditou. Il est situé à une quinzaine de kilomètres du stade de Tianjin, qui accueillera les épreuves de football des Jeux Olympiques de 2008. La pollution intense produite par les 180 usines chimiques de Xiditou a vicié l'air depuis plus de vingt ans, réduit les deux cours d'eau à l'état d'immondes égouts de teinte rougeâtre, ravagé les cultures alentour, et contaminé les puits jusqu'à 400 mètres de profondeur. Au moins 300 habitants, sur les 7 000 que compte Xiditou, ont péri d'un cancer du foie, des intestins ou des poumons depuis 1999. Le plus jeune était un écolier de 7 ans. «Au cours des deux derniers mois, une dizaine de personnes de plus sont mortes du cancer», rapporte Li Baoqi, un négociant en produits agricoles qui réside dans ce bourg où l'air et l'eau sont empoisonnés.
Tous les jours, à l'heure des visites de l'hôpital de Tianjin, Li Baoqi se rend au chevet de sa femme atteinte d'un cancer du foie. Pour s'acquitter des factures élevées de l'hôpital, tout ce qu'il possède y est passé : frigo, télé, moto, jusqu'à sa maison. D'ici peu, il sera à court d'argent, et l'hôpital expulsera son épouse. Il ne pourra même pas l'amener mourir dans la petite pièce qu'il loue désormais pour se loger, car le propriétaire refuse que quelqu'un trépasse chez lui. «Il dit que cela porte malheur», annonce Li Baoqi d'un air résigné. «Nous n'aurons alors nul