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Castro Verde, la steppe aux oiseaux

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publié le 17 avril 2006 à 20h57

Castro Verde envoyée spéciale

Aussi loin que porte le regard, la plaine alentejane disparaît sous les rideaux de pluie. La cruelle sécheresse de 2005 a laissé place à un printemps humide : ce vaste milieu ouvert, surnommé «Campo Branco», le champ blanc, par les habitants de Castro Verde ­ une bourgade située à quelque 200 kilomètres de Lisbonne ­, ressemble à une immense pelouse grâce aux jeunes pousses de céréales et aux graminées en fleurs. Dans deux ou trois mois, le paysage prendra une teinte jaune pâle et méritera bien son nom. Ici, depuis des millénaires, les hommes font paître leurs troupeaux et cultivent les céréales. En façonnant la steppe, l'homme a aussi permis aux espèces qu'elle abrite de s'adapter. Dans ce décor ouvert où la forêt ne couvre que 30 % du territoire, on trouve de drôles d'oiseaux : grue cendrée (Grus grus), grande outarde (Otis tarda), outarde canepetière (Tetrax tetrax), busard cendré, ou encore faucon crécerellette (Falco naumanni). C'est ce petit rapace menacé qui sert d'emblème au projet «Castro Verde durable».

Coup de génie. Tout a commencé en 1993 : la LPN, la Ligue pour la protection de la nature, la plus ancienne des ONG portugaises, jette son dévolu sur cette terre semi-aride où la moindre propriété est immense : 500 hectares en moyenne. Coup de génie : la LPN achète cinq herdades (domaines) d'une superficie totale de 1 700 hectares. «C'est parce que je suis devenu l'un d'eux que les agriculteurs m'acceptent. J'applique chez moi, sur mes te