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Libération

Au Nigeria, Abbott avare de ses pilules

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publié le 22 avril 2006 à 21h00

Lagos de notre correspondante

Dans les locaux de Médecins sans frontières (MSF) à Lagos, on se croirait chez Darty. La pièce centrale du rez-de-chaussée est encombrée de frigos. Ils servent à stocker le lopinavir-ritonavir, commercialisé sous le nom de Kaletra, un cocktail d'antirétroviraux (ARV) utilisé pour soigner les malades du sida ayant développé des résistances au traitement standard. «Par forte chaleur, les capsules s'amalgament et deviennent inutilisables», explique Tobias Luppe, responsable MSF de la campagne pour l'accès aux médicaments universels. Au Nigeria, la température dépasse régulièrement 30 °C, la fourniture d'électricité est erratique, et la majorité de la population - qui vit dans une extrême pauvreté - ne possède pas de frigidaire. Or les laboratoires américains Abbott viennent de mettre au point une nouvelle formule du Kaletra en pilules qui ne craint pas la chaleur et peut être prise sans complément alimentaire. Ironie du sort, ce médicament, qui semble conçu pour l'Afrique, n'y est pas disponible.

Pour le moment, il est commercialisé seulement aux Etats-Unis, à raison de 9 600 dollars (environ 7 800 euros) par patient et par an, selon MSF, qui a engagé le bras de fer avec Abbott. Dans un premier courrier signé par des sommités médicales, l'ONG a expliqué l'intérêt vital de cette nouvelle formule pour les pays en développement. Le 15 mars, elle a envoyé une commande musclée aux dirigeants de la compagnie : elle demande, dans un délai d'un mois, 800 tra