Région de Tchernobyl
envoyée spéciale
Le 20e anniversaire de Tchernobyl, aujourd'hui, est l'occasion de s'interroger sur la mémoire de cette catastrophe. Qu'est-ce que naître et vivre sous l'épaisseur du nuage radioactif ? Gabriella vivait en banlieue de Kiev en 1986. Elle avait 8 ans. «Un ou deux jours après l'accident, mon père m'a interdit d'aller jouer dehors. Il était très nerveux. Moi, j'avais l'impression d'être victime d'une très grande injustice. Dehors, il faisait un temps magnifique et je n'avais rien fait de mal. J'ai vraiment compris l'ampleur de la catastrophe quelques années plus tard, vers 15-16 ans, et j'en ai fait des cauchemars. Aujourd'hui, la centrale me fait encore peur.» Iliona, ado à l'époque, vit aujourd'hui près de la zone évacuée, à 40 km à l'ouest de Tchernobyl. «Après l'explosion, on est partis trois jours chez des amis à Lviv. A notre retour, la vie a repris son cours. Pendant vingt ans, j'ai vécu sans me préoccuper de la centrale. Pourtant, aujourd'hui, j'ai profité de la présence de la Croix-Rouge pour faire un examen de la thyroïde. Ils ont trouvé un nodule de plusieurs millimètres. Je dois faire une biopsie la semaine prochaine pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'un cancer. J'avais fini par l'oublier, en fait la catastrophe continue.»
Avoir l'âge de Tchernobyl aujourd'hui, c'est vivre avec un accident omniprésent, mais néanmoins inconnu, grandir dans un présent contaminé par les radioéléments et penser un avenir amputé. Pour toute une génératio