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Libération

La mort d'une guerrière massaï

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publié le 6 mai 2006 à 21h09

La société massaï l'avait si bien accueillie qu'elle en était devenue l'une des guerrières. Née en Afrique du Sud dans une famille de missionnaires protestants suisses, française par son premier mari, l'ethnologue Jacqueline Roumeguère-Eberhardt s'est éteinte le 29 mars au Kenya. Un pays qui était devenu le sien depuis son mariage avec le guerrier massaï Ole Kapusia. Une histoire unique.

Toute sa vie ­ ou plutôt toutes ses vies ­, elle avait fui l'évocation et les rites de la mort, privilégiant l'action et l'exploration, «les rythmes, les sons et les couleurs», écrivait-elle. C'est en grande partie ce qui l'a rapprochée des Massaï, «une société de l'action où prime le guerrier», et elle savait de quoi elle parlait.

Première épouse. Pour son guerrier massaï, cette chercheuse au CNRS, «initiée» aux rites africains à l'adolescence, avait, en 1966, quitté son mari français, embarqué ses trois enfants et adopté le mode de vie massaï, acceptant de partager sa vie matrimoniale avec deux, puis trois, puis six, et enfin huit autres épouses. Une situation qu'elle vivait plus ou moins bien selon les cas. «Ma mère était la première épouse», raconte sa fille Isabelle, qui a réalisé il y a trois ans un très beau documentaire sur le sujet. «Après, elle a dû choisir avec son mari la deuxième : une très jeune fille venue du peuple samburu, qui ne connaissait rien aux coutumes massaïs ; cela s'est très bien passé. Mais, quand elle est rentrée en France, en 1980, la mère d'Ole Kapusia a voulu lu