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Libération
Reportage

A Luchon, les antiours à cran sans accrocs

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publié le 8 mai 2006 à 21h09

Bagnères-de-Luchon envoyé spécial

Au coeur du défilé, un panier roulant de supermarché avec deux agneaux de 8 jours à son bord, étiquetés «croquettes pour ours». Le chiffre n'est pas contesté par la police : 1 500 brebis, selon les organisateurs, ont manifesté samedi à Bagnères-de-Luchon (communément appelé Luchon) dans le calme et la dignité contre le plan de réintroduction de cinq ours dans les Pyrénées. Ces brebis manifestantes étaient accompagnées d'un nombre approchant d'éleveurs, de montagnards, de responsables agricoles et d'élus de Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées. «Je suis le député des ânes et des imbéciles, puisque c'est ainsi que la ministre de l'Environnement qualifie les antiours, lance le député PS Jean-Louis Idiart. Avant de nous imposer ses décisions, Nelly Olin devrait venir mesurer l'exaspération des populations montagnardes.»

Sympathies. Lesdites populations sont en fait installées sur les allées d'Etigny comme au passage du Tour de France. Sur des fauteuils de camping, sous les arbres ou avec un appareil photo sur les balcons. Ces Luchonnais et voisins venus au spectacle ne sont généralement ni pro, ni antiours. S'ils regardent défiler ces bergers avec quelque sympathie, c'est qu'ils ne «supportent pas» eux non plus, nous disent cet artisan tapissier et ce patron de bar, que ce plan de réintroduction leur soit tombé sur le coin de la montagne «sans aucune concertation». Le maire de Luchon ­ qui a poussé sa commune à devenir site d'accueil de l'ours ­ a