Menu
Libération
Interview

«Les arbres migrent vers le Nord»

Article réservé aux abonnés
Antoine Kremer, de l'Inra, analyse l'évolution des espèces végétales face aux changements du climat :
publié le 22 mai 2006 à 21h18
(mis à jour le 22 mai 2006 à 21h18)

Bordeaux de notre correspondante

Les forêts abritent 50 % des espèces vivantes dans le monde et sont un réservoir de biodiversité. Les arbres jouent donc un rôle considérable pour le maintien de cet équilibre. Antoine Kremer, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), coordonne le projet Evoltree. Ce réseau européen, lancé le 27 avril près de Bordeaux, regroupe 25 laboratoires issus de 15 pays et travaille sur l'évolution des arbres face aux changements climatiques.

A quelles évolutions pourrions-nous être confrontés en France dans les années à venir ?

Si l'on observe les conditions climatiques actuelles et si on les compare aux prévisions dans cent ans, la France ne sera plus un territoire adapté au chêne sessile. C'est le chêne le plus commun, il est utilisé pour les produits précieux, comme en marqueterie. C'est un exemple parmi d'autres, mais on imagine les conséquences importantes ­ économiques et écologiques ­ que ça pourrait avoir. La question est donc de savoir si ces chênes auront le temps de s'adapter et comment ils réagiront. C'est toute la mission d'Evoltree de comprendre et d'anticiper la réponse des végétaux.

Quels sont les effets du réchauffement climatique sur les arbres ?

On constate deux types d'incidences. D'une part, la hausse du CO2 contribue à une croissance élevée. Depuis un siècle, la largeur des cernes ­ ces lignes circulaires au coeur du tronc de l'arbre ­ augmente progressivement, c