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Libération
POUR MEMOIRE

En Polynésie, Paris reconnaît les méfaits de ses essais

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publié le 23 mai 2006 à 21h19
(mis à jour le 23 mai 2006 à 21h19)

L'Etat chiraquien cherche-t-il à tourner définitivement la page des essais nucléaires ? Dix ans après la fin des expérimentations en Polynésie française, le délégué à la sûreté nucléaire du ministère de la Défense, Marcel Jurien de la Gravière, a rencontré la semaine dernière les autorités du pays et les populations des atolls proches de Mururoa et Fangataufa, dans le cadre d'un périlleux exercice de transparence. Une première, après quarante ans de silence sur les conséquences des 41 tirs nucléaires aériens de 1966 à 1974.

«Liste noire». Jusqu'ici, la Grande Muette ne reconnaissait que cinq retombées «intempestives» sur des îles habitées, en 1966, 1967, 1971 et 1974. Dès son arrivée à Tahiti, Jurien de la Gravière a admis que cinq autres expérimentations, réalisées en 1966, 1970 et 1972, pouvaient venir compléter cette «liste noire». Autre révélation : l'armée a immergé, à plus de 2 000 mètres de fond, près de 3 200 tonnes de déchets radioactifs, conditionnés ou non, sur trois sites : deux à Mururoa et un à Hao, l'ancienne base arrière du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP).

«Ces immersions ont été réalisées dans le plus grand respect des normes internationales en vigueur à l'époque, et elles n'induisent aucun risque environnemental et sanitaire», a soutenu le représentant de la Défense. Sceptiques, les élus et les anciens travailleurs du CEP, rassemblés au sein du Conseil d'orientation sur le suivi des conséquences des essais nucléaires (Coscen), ont