Le mercure rejeté par les chercheurs d'or en Guyane provoque-t-il des malformations congénitales ? On sait, depuis une première étude menée en 1994, que les habitants des villages amérindiens de la région du haut Maroni sont contaminés par le mercure via la consommation des poissons prédateurs des fleuves. Face à l'angoisse des populations qui redoutaient un lien entre malformations et mercure, la Cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) Antilles-Guyane a mené une nouvelle étude en 2005 dont les résultats seront publiés d'ici l'été. Entretien avec le docteur Thierry Cardoso.
Comment avez-vous procédé ?
Nous avons étudié 246 naissances survenues entre juin 1993 et juin 2005. Pour les huit malformations congénitales observées (hydrocéphalie, trisomie, malformation vasculaire, perforation anale...), nous avons reconstitué l'histoire obstétricale des mères. En l'état actuel des connaissances scientifiques, aucune ne peut être imputée au méthylmercure.
Vous ne signalez pas d'excès de malformations...
On retrouve dans cette population exactement la même prévalence de malformations que partout ailleurs. Rien de plus. La différence, hélas, c'est qu'en Guyane il n'y a aucune prise en charge médicale et sociale de ces enfants.
En revanche, la contamination par le mercure augmente encore ?
Il est clair que la situation s'aggrave. 84 % des adultes émerillons et wayanas, les deux ethnies qui vivent dans le haut Maroni, ont une concentration de mercure dans les cheveux dépassant la norme f