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Libération

L'ibis sacré, prédateur mal niché

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publié le 13 juin 2006 à 21h47

Bordeaux de notre correspondante

Des ibis sacrés sur les plages de l'île de Ré, image plutôt insolite. Avec son plumage blanc, son long cou, sa tête chauve et noire, terminée par un impressionnant bec courbe, le gros oiseau (1,5 kg pour 1,20 m d'envergure) ne passe pas inaperçu. Ils sont trois ou quatre en ce moment. Ils étaient jusqu'à soixante, l'hiver dernier. Une curiosité pour les premiers touristes. Une mauvaise nouvelle pour tous les spécialistes. Car, en France, l'ibis sacré est devenu un prédateur.

Emblème du dieu Thot dans l'Egypte antique, l'ibis est un oiseau commun dans toute l'Afrique subsaharienne et en Irak. En France, c'est une espèce importée, qui fut introduite à la fin des années 70, notamment dans le parc de Branféré (Morbihan). Laissé libre de voler, l'oiseau a fini par s'échapper du lieu où il était retenu et il a colonisé toute la façade atlantique française. D'abord le golfe du Morbihan, la Vendée et la Loire-Atlantique, où existent les principaux sites de reproduction, dans l'estuaire de la Loire. Puis la Charente-Maritime et la Gironde, où quelques tentatives de nidification ont été observées. Aujourd'hui, on estime à 5 000 le nombre d'oiseaux dans l'ouest du pays, contre 130 seulement en 1994. Un développement rapide et inquiétant.

Couvées. Face à cette multiplication, la ministre de l'Environnement, Nelly Olin, a décidé, en début d'année, de recourir à une solution radicale, et adressé à toutes les préfectures concernées un courrier les autorisant à