Tokyo de notre correspondant
Kujiraya, «le magasin de baleine», refait à neuf l'an passé pour satisfaire ses clients fidèles, ne désemplit pas. Chaque soir, ce restaurant fait salle comble avec 250 à 300 gourmets venant déguster, pour 10 à 30 euros selon le plat, un steak de baleine assorti de riz blanc, soupe ou légumes. En cuisine, tout de la baleine est traité et fait maison, avec sauces et méthode : du foie au sperme, des abats aux flancs graisseux du mammifère... A table, la baleine y est mangée cuite, frite, en ragoût ou crue.
Bien que Kujiraya est situé au pied du Shibuya 109, une tour de boutiques de fringues pour ados, ses clients ont surtout les cheveux gris. Mais l'endroit réussit encore à attirer des jeunes. Au Japon, la viande de baleine est en effet réputée riche en protéines. A en croire une vieille légende locale à l'origine de bien des massacres en haute mer, elle favoriserait force et virilité chez les petits et les ados.
Chez Kujiraya, nul besoin de mythes pour se remplir la panse. Ici, entre éclats alcoolisés et volutes, on est loin des débats houleux de la Commission baleinière internationale (CBI, lire ci-dessus) ou des protestations outrées des antichasse. Les clients se goinfrent de baleine de Mink et du rorqual de Bryde (le plus grand dauphin, 10 tonnes), que le Japon est autorisé à pêcher. «Nos clients sont heureux de manger de la baleine alors qu'ailleurs, dans plusieurs villes, on n'en trouve plus aussi facilement qu'avant», dit un responsable du res