Année 1976, année écologique ? En tout cas, fondamentale pour la protection de la nature. Deux lois votées en France cet été-là ont initié une révolution culturelle discrète, en modifiant notre perception de l'environnement. Le 10 juillet fut adoptée la loi pour la protection de la nature et le 19, celle relative aux installations classées.
Trente ans plus tard, alors que la course contre l'érosion de la biodiversité est (mal) engagée, l'esprit de ces textes paraît étonnamment moderne. Sur le terrain, il a été souvent bafoué ou perverti. Genèse et bilan avec Jean-Pierre Raffin, président d'honneur de France Nature Environnement (FNE), fédération qui regroupe 3 000 associations de protection de la nature, et Arnaud Gossement, directeur juridique et porte-parole de FNE.
Le contexte
Dans la foulée de mai 1968, émerge en France la protection de la nature. Les associations réclament une politique environnementale. En 1971, le ministère de l'Environnement voit le jour. Pour Arnaud Gossement, les lois de 1976 témoignent de «la fin des Trente Glorieuses.Le regard sur l'activité industrielle change.Les catastrophes industrielles (Feyzin en 1966, Seveso en 1976), autrefois vécues comme la nécessaire rançon du progrès, ne sont plus tolérées».
«Il n'existait aucune disposition réglementaire pour protéger les plantes ou les animaux, rappelle Jean-Pierre Raffin. Seuls des arrêtés prohibaient la chasse de certaines espèces (ours, bouquetin, cerf de Corse, castor,