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Libération

Au Cameroun, l'oléoduc achemine aussi des problèmes

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publié le 18 juillet 2006 à 22h00

Kribi (Cameroun) envoyée spéciale

Un terminal pétrolier installé à une douzaine de kilomètres au large des plages de Kribi, au sud-ouest du Cameroun : pour les touristes, c'est la seule manifestation physique du pipeline Tchad-Cameroun, dont la construction, commencée en 2000, s'est achevée en 2003. Enfoui sous un mètre de terre sur 1 070 km depuis les zones d'extraction tchadiennes de Doba, il passe inaperçu ailleurs. Pas moyen, pourtant, pour les populations installées sur son tracé de l'oublier : dans bien des cas, la question des indemnisations qui leur avaient été promises n'est pas ou mal réglée.

«Plus pauvre qu'avant». «Si ce projet était à refaire, nous ne l'accepterions pas», assure Narcisse Savah, chef du village de Mpangou, près de Kribi. La construction du pipeline a entraîné la disparition de la source locale. Le puits, donné en compensation par la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), détenue à 80 % par le consortium de sociétés qui exploitent le pétrole tchadien ­ l'Américain Exxon Mobil en tête ­, n'a quasiment jamais fonctionné. «Mal préparés, beaucoup des villageois qui ont reçu de l'argent pour compenser la perte de leurs champs n'ont pas su le gérer. Ils l'ont dépensé sans faire d'investissements et finalement se sont retrouvés plus pauvres qu'avant», raconte-t-il. Lui-même a perdu 1,5 hectare de terrain absorbé par l'oléoduc qui passe aujourd'hui à quelques mètres seulement de son habitation. La compensation qu'il a reçue n'a couvert