Saint-Louis (Haut-Rhin) envoyée spéciale
C'est une enclave inespérée, un havre de nature aux portes de villes comme Mulhouse, Saint-Louis, Bâle ou Lörrach. Au sud de la plaine d'Alsace, dans le Haut-Rhin, voilà la plus ancienne des réserves naturelles de la région. Créée en 1982, elle occupe 120 hectares sur l'ancien lit du Rhin. Une vaste zone humide pleine de roseaux à laquelle la réserve doit son nom déroutant sous cette latitude rhénane, et au confluent de la France, de la Suisse et de l'Allemagne. Là, dans un luxuriant enchevêtrement d'ormes, de saules et de roseaux, s'abritent, entre autres, 40 espèces de libellules, 16 de batraciens, 180 d'oiseaux... Sans compter les 40 espèces d'arbres, les 600 de champignons...
Du petit observatoire en bois au bord de l'étang nord, entouré de roseaux et nimbé de feuillages verts, on a déjà oublié la canicule qui plombait la route de puis l'aéroport de Bâle-Mulhouse. On se laisse aller à un doux état d'hébétude en observant les foulques, les cygnes, les canards qui vaquent à leurs occupations. Un loriot vert fluorescent entame un petit chant auquel Philippe Knibiely, directeur de l'association qui gère la réserve, répond illico. Son sifflement plaît à l'oiseau, qui entretient la conversation. Sur le sentier de mélèzes qui relie les observatoires, tout en montrant des nids d'aigrettes bleues, revenues ici depuis peu, le directeur résume le travail accompli depuis vingt-cinq ans sur ce territoire où affleure constamment la nappe phréatiq