Etang de Thau envoyée spéciale
En équilibre sur les bords de son bateau à fond plat, Alain Cabrera extrait de l'eau les cordes sur lesquelles s'agrippent des dizaines et des dizaines de coquilles d'huîtres, gueules ouvertes. Vides. «Là, les coquilles blanches sont mortes avant-hier. Les coquilles marron, elles, sont mortes deux jours avant», explique ce producteur de la zone de Marseillan (Hérault). Sous chaque «table» de l'étang de Thau, entrelacs de piquets surplombant la surface auxquels est noué un millier de cordes plongées dans l'eau, on devine la même désolation. A ce cimetière marin font écho, sur les bords de l'étang, les huîtres et moules béantes, monticules gris et noirs qui s'entassent devant les mas conchylicoles. Vides aussi sont ces baraquements où les producteurs viennent détroquer (décoller) les huîtres des cordes et les plonger dans des bassins de purification avant de les vendre sur les marchés.
«Ce n'est pas une maladie»
En cause, la malaïgue, «mauvaise eau» en occitan, apparue courant juillet avec la canicule. Les gens d'ici la comparent à un incendie : là où passe cette nappe blanchâtre qu'on distingue à la superficie de l'étang, tout trépasse. La dernière remonte à 2003 mais celle de cet été s'apparente, par sa gravité, à la grande malaïgue de 1975. En quelques jours, elle vient de décimer toutes les moules et plus de 60 % des huîtres élevées dans l'étang. Des centaines de poissons morts sont même venues s'échouer sur les rives, obligeant la