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Libération

L'Espagne dessale sec

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publié le 7 août 2006 à 22h53

Carboneras envoyé spécial

Tout juste passé le parc national désertique de Cabo de Gata, à deux pas de plages envahies par les touristes, un panorama industriel et un défilé incessant de camions soulevant des nuages de poussière. Sur plusieurs hectares, on voit une cimenterie, une centrale thermique, toutes deux gigantesques. Puis, contiguë, une usine de dessalement dont le réservoir d'eau potable, quasi à ras bord, a presque la dimension d'un terrain de foot. Avec ses installations bleu azur et ses tuyauteries vertes, la desaladora de Carboneras est la plus vaste d'Europe. En fonction depuis un an, elle ne produit que 20 000 mètres cubes d'eau douce par jour, à peine 15 % de son potentiel. Pourtant, elle a peut-être sauvé cette région aride à l'est d'Almería, où il ne tombe que 200 millimètres cubes de pluie par an. «Depuis que l'usine fonctionne, fini les coupures et les restrictions d'eau, fini l'angoisse de vivre en pleine sécheresse», s'enthousiasme Fernando, qui tient un bar à Carboneras, une bourgade de 7 000 habitants vivant essentiellement du tourisme allemand et britannique. La desaladora alimente aussi en eau la localité voisine de Mojácar et, d'ici à 2007, une douzaine d'autres municipalités de la vallée de Tabernas, situées plus à l'ouest, à proximité d'un désert naturel unique en Europe. Et ce n'est pas fini : trois desaladoras sont en construction dans la province d'Almería.

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