Comment vivez-vous au quotidien avec la maladie ?
J'ai été diagnostiquée séropositive, il y a six ans. Et je suis sous traitement depuis trois ans. Avant je prenais dix pilules par jour, maintenant trois. Avec le nouveau visage du sida, je sais comment agir. Dans mon pays, nous avons un haut niveau d'engagement, nous avons des ressources financières et des médicaments. Mais nous ne pouvons pas les prescrire à ceux qui en ont le plus besoin, la plupart vivant loin de la capitale ou des grandes villes. Les traitements n'atteignent donc pas les villages. Pour leurs habitants, cela reste un simple mot. Or il est criminel, lorsqu'on a des médicaments et des services de soins, que tant de gens atteints du sida ne soient pas conscients du fait qu'ils sont infectés. Comment faire pour atteindre, aider et donner la parole à ceux qui ne connaissent pas leur statut ? Je pense souvent que nous ne sommes pas loin du but. Et pourtant, cela ne se passe pas.
Qu'est-ce qui doit changer ?
Nos messages. On peut parler sans fin de la discrimination, on la connaît tous. L'année dernière, lors d'un congrès en Asie, j'ai raconté que j'étais allée voir un dentiste qui a refusé de me soigner quand il a appris ma séropositivité. Je me suis alors rendue chez un autre. Malheureusement, tous les autres malades n'agissent pas de même. Les gens meurent de la discrimination.
Comment leur donner le pouvoir d'agir ?
J'ai longtemps refusé, quand les gens me le demandaient, de témoigner. Le pouvoir d'agir, ce n'est