A Toronto
Le combat n'est-il pas trop long ?
Non, car les résultats sont extrêmement encourageants. D'abord, en termes de financement, grâce au Fonds mondial et au ministère de la Santé, on a pu généraliser l'accès aux soins. Et cela marche très bien. Sans problème de stocks ni de pertes. En deux ans, le changement est spectaculaire.
C'est-à-dire ?
Nous suivons plus de 1 600 patients. L'observance est très bonne et les résultats cliniques sont aussi bons qu'à Paris.
Pas d'inquiétude, alors...
Si, l'inquiétude porte sur l'avenir. Nous sommes à un tournant de l'épidémie. Le Maroc, jusqu'à présent, était un pays de faible prévalence. Depuis deux ans, il y a des signes troublants. Ainsi, dans la région d'Agadir, on a des données montrant une sensible augmentation du nombre de personnes infectées. Avec le développement d'une prostitution, disons, populaire et bon marché. Ce sont des migrantes de l'intérieur. Il y a, dans cette région, beaucoup d'emplois fournis par le secteur agroalimentaire, mais le travail est saisonnier et ne permet pas de vivre toute l'année. Autre élément : on assiste à une africanisation des souches de virus du VIH, avec une forte présence de souches B, qui viennent de l'Afrique subsaharienne et qui sont plus contaminantes. Cela renvoie aux migrants d'Afrique noire qui arrivent. Enfin, comme bon nombre d'autres pays, nous sommes confrontés aux traitements de seconde ligne. Plus de 10 % de nos patients en auraient besoin. Au Maroc, nous avons des accords commercia