Chercheur en halieutique à l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), Jean-Marc Fromentin préside le groupe de travail sur le thon rouge mis en place avec la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), organisme reconnu par l'ensemble de la communauté scientifique internationale.
Les pêcheurs accusent Greenpeace de «désinformation» sur la ressource de thon rouge. Quel est l'avis des scientifiques ?
Le groupe de travail sur le thon rouge de la Cicta juge cette espèce surpêchée depuis 1996. Ce qui a d'ailleurs conduit à mettre en place un quota de pêche en 1998. Celui-ci ne doit pas excéder 32 000 tonnes pour l'ensemble du stock Méditerrannée-Atlantique que se partagent environ 25 pays. Depuis que l'espèce est sous quota, on a du mal à avoir de bonnes statistiques de pêche, on a donc dû baser nos évaluations sur d'autres critères et notamment la capacité de pêche déployée. Malgré tout, il y a unanimité de la communauté scientifique pour estimer que la surexploitation et la surpêche du thon rouge s'accélèrent. Nous, les scientifiques, pensons que le thon rouge est une espèce gravement menacée.
Comment se pêche le thon rouge ?
Elle se pratique surtout à la senne tournante [l'appât, constitué de sardines ou d'anchois vivants, est conservé dans un vivier ; une fois le poisson attiré, le banc est peu à peu resserré à l'aide d'un mécanisme fixé au grand mât, ndlr], au palangrier [une longue ligne de